Qui n’a jamais voulu un jour que les choses pour lui se passent différemment.

Qui n’a jamais rencontré d’obstacles sur sa route ou été éprouvé par des événements perçus comme difficiles.
Mais quand cela arrive, quoi d’injuste ou de surprenant. C’est la vie ainsi pour tout le monde vécue avec « ses hauts et ses bas et ses hauts et ses bas… ».

Que nous montre le yoga.

Ce que nous vivons comme des épreuves ou des obstacles font partie de la réalité mais leur vécu est souvent imprégné d’irrationnel.
Quelque chose de non-voulu nous arrive et nous invoquons l’injustice ou résistons au réel. Par la colère, le déni, l’oubli, les pleurs, la dépression ou n’importe quelle réaction nous ajournons de nous confronter à la « dure réalité » à l’irrémédiablité des faits.
Ainsi, le refus de la réalité, la vision biaisée est comme la première forme de violence faite envers soi-même.
Ahimsa, le principe de non violence dans le yoga peut ici être compris, non pas dans son sens mièvre mais plutôt comme une attitude envers sa propre pensée.

« Satan » en Hébreu signifie « l’obstacle » qui peut également être traduit par le « non-connu » ou encore l’inconscient.
Ganesh, dieu indien, utilisé populairement comme un grigri ayant le pouvoir de lever les obstacles du quotidien traduit cela:

« Le seigneur des ganas est celui qui maîtrise les événements. Les ganas sont l’équivalent des kobolds, des korrigans, des farfadets… ces petits êtres qui sèment des embûches sur notre chemin, ou qui les lèvent. (…)
Satan est à l’origine l’adversaire, l’adversité. Le rapport avec Ganesh est l’enseignement que nous amène l’adversité. Dans le monde manifesté, l’adversité est ce qui permet de se mesurer, d’accéder à la maîtrise. Au maître intérieur.  »
Arnaud Kancel

Il y a donc possibilité de transcender l’épreuve par la vision du réel, par l’accès à la connaissance.

On trouve dans la littérature de nombreux personnages qui incarnent l’épreuve et la résilience par la connaissance.

Entre autres, Abélard, trahi et chatré pour avoir éveillé trop de jalousie, comprend la nécessité des fonctions de l’esprit. Job, affirme sa foi devant les drames consécutifs tels que la perte de sa famille, la maladie, le désaveu de sa communauté. Arjuna lui même, devant l’adversité et le dilemme, choisira au prix de la vision divine d’agir selon le choix le plus difficile.

Qu’elle que soit l’épreuve elle est toujours traversée et parfois même transcendée. Une épreuve qui nous confronte nous permet de nous rencontrer. Au même titre d’ailleurs, qu’une grande joie.

Ainsi Proust nous le rappelle justement :

« Nos plus grandes craintes, comme nos plus belles espérances ne sont pas au dessus de nos forces. Et nous pouvons finir par dominer les unes et réaliser les autres. »

Alors, l’obstacle, l’épreuve, l’événement n’est pas dramatique en lui-même. C’est bien notre incapacité à absorber le sentiment qui nous assaille face à cette situation que nous aurions souhaité différente qui nous met en conflit par rapport au réel.

L’événement non souhaité éprouve notre capacité à percevoir et à encaisser le réel.

La pratique posturale aussi peut nous aider à identifier ce qu’est dans le corps la colère, la joie, la tension, l’amour et le désamour, l’impatience, l’attente etc…

Quelle est ma capacité à observer cela et à ressentir cela en moi-même.

Ainsi quand l’événement arrive, je peux me laisser traverser avec moins de résistance.
Il ne s’agit pas de lâcher prise ou de pardonner mais simplement de « faire avec » une réalité que nous expérimentons.

 

Nous conclurons avec cette phrase de Sénèque. Comprenons bien que l’invitation ici n’est pas d’être heureux en toutes circonstances. Mais bien que, quoique nous ressentions, de le vivre pour ce que c’est :

« Ne veuille pas que les choses arrivent comme tu le souhaites, mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux. »

En d’autres termes, ne souhaitons pas que les événements nous soient favorables mais souhaitons que notre esprit soit suffisamment clair pour y faire face.